LE MICROBIOME, UN BOUCLIER VIVANT
POUR LA PEAU
L’appellation « fonction barrière » est employée dans de nombreux articles portant sur la dermatologie, mais que signifie-t-elle ?
À l’origine, les docteurs employaient cette appellation pour désigner la couche de cellules mortes présentes à la surface de la peau (couche cornée) ainsi que la couche huileuse imperméable qui les recouvre (film hydrolipidique). Ensemble, ces éléments empêchent les agresseurs externes (allergènes, irritants, pollution, etc.) de pénétrer les couches plus profondes de la peau.
Dysfonctionnement de la barrière et affaiblissement des défenses de la peau
Une peau sensible et réactive présente souvent un dysfonctionnement de la barrière cutanée. En d’autres termes, la peau n’est pas correctement protégée du monde extérieur qui l’entoure. Dès lors, la peau ne remplit pas son rôle de première ligne de défense. Au plus la peau est confrontée aux agressions, au plus elle sera sèche, sensible et irritée. Ainsi commence le cercle vicieux des peaux sensibles.
Un microbiome diversifié et équilibré, une solution pour pallier la sensibilité de la peau ?
Les recherches les plus récentes sur le microbiome, cet ensemble de micro-organismes vivant à la surface de la peau, démontrent que le concept de fonction barrière doit être revu et ajusté. Pourquoi ?
• Un dysfonctionnement de la barrière implique un appauvrissement et un déséquilibre de la biodiversité présente à la surface de la peau.
• Un retour à une diversité bactérienne optimale permet à la peau d’être apaisée.
Les soins hydratants traditionnels sont aujourd’hui quelque peu dépassés. Pour soulager les symptômes de la peau sensible et lui permettre de retrouver une sensation de confort, un produit hydratant doit effectivement travailler sur les deux composants de la barrière cutanée, à savoir ses précieux lipides et son fragile microbiome.
Peau et bactéries bénéfiques : une combinaison parfaite
La peau vit en symbiose avec les populations microbiennes qui y ont élu résidence. En d’autres mots, il s’agit d’une situation gagnant-gagnant.
• Les bactéries bénéfiques aident à empêcher la prolifération des bactéries qui causent des infections.
• La peau et les bactéries se coordonnent afin de maintenir la peau calme et apaisée.
Autrement dit, les bactéries bénéfiques composant le microbiome cutané aident la peau à accomplir sa « fonction barrière » et à désamorcer le cercle vicieux de la sécheresse et des irritations cutanées.

Bactéries (C. ACNES)
CORYNEBACTERIUM ACNES
Micrographie électronique en transmission colorée d’une bactérie Corynebacterium acnes.
Cette bactérie est associée à l’acné chez l’être humain. C. acnes fait partie de la microflore présente dans la peau humaine. Elle décompose les composants lipidiques du sébum. Ces bactéries ne sont pas présentes chez les enfants, la colonisation se produit à la puberté et atteint son point le plus fort vers 16-17 ans. On pense qu’un nombre élevé de C. acnes provoque la réaction inflammatoire de l’acné.
Bactéries Biofilm
STAPHYLOCOCCUS AUREUS
Micrographie électronique en transmission colorée de bactéries Staphylococcus aureus recouvertes d’un biofilm de mucus.
Ces bactéries produisent le mucus qui les enveloppe et qui les protège. Le Staphylococcus aureus est l’une des causes les plus répandues des infections cutanées. La plupart de ces infections sont sans gravité, comme les boutons et furoncles, et peuvent être traitées sans antibiotiques. Mais les staphylocoques provoquent aussi des infections plus graves, par exemple des infections des plaies chirurgicales, des infections du sang et des pneumonies.
Bactéries des pieds
Micrographie électronique par scanner de bactéries vivant sur les pieds humains.
Ces bactéries métabolisent la sueur Et d’autres substances présentes sur la peau. Les espèces Brevibacterium sont considérées comme une cause majeure des mauvaises odeurs au niveau des pieds et dans les chaussures parce qu’elles ingèrent la peau morte présente sur les pieds et, ce faisant, convertissent l’amino-acide methionine en méthanethiol, un gaz incolore possédant une odeur distinctive. La peau morte qui alimente ce processus est particulièrement présente au niveau de la plante du pied et entre les orteils.
Bactéries d’aisselle humaine
Micrographie électronique par scanner d’une aisselle humaine.
Les aisselles humaines sont un environnement moite, chaud et peu exposé à la lumière, idéal pour la prolifération des bactéries. Deux familles de bactéries sont toujours présentes sous les aisselles : les staphylococci et les corynebacteria. On sait que les corynebacteria sont à l’origine des odeurs sous les aisselles. Des recherches ont montré que, si le nombre d’espèces différentes est relativement faible. Une centaine d’espèces de bactéries cohabitent en moyenne sous les aisselles, soit nettement moins que dans d’autres endroits du corps comme l’avant-bras, les jambes, le visage ou les mains.
Bactéries de téléphone mobile
Micrographie électronique par scanner d’un téléphone mobile.
Des tests ont révélé qu’en moyenne, on trouve 18 fois plus de microbes potentiellement nocifs sur un téléphone que sur la poignée de chasse d’une toilette pour hommes. Les téléphones restent chauds du fait de leur utilisation fréquente, ce qui crée un environnement idéal pour la prolifération des bactéries. Des tests ont révélé la présence, entre autres, des bactéries infectieuses E. coli, Haemophilus influenzae et MRSA sur des téléphones. Les bactéries inoffensives souvent présentes sont notamment, Staphylococcus epidermidis, Micrococcus, Streptococcus viridans et Moraxella.
Quelles sont les bactéries bénéfiques et néfastes ?
Saviez-vous qu’environ mille milliards de micro-organismes vivent sur votre peau ? C’est dix fois plus que le nombre d’étoiles composant la Voie lactée.
Pour bénéficier d’un microbiome cutané sain, il faut à tout prix miser sur la diversité des micro-organismes qui le composent. Chaque cm2 de la peau rassemble pas moins d’un milliard de microbes. Au plus la diversité de ces bactéries est grande, au plus la peau est saine.
Toutefois, toutes les bactéries ne sont pas bénéfiques à la peau. En effet, certaines d’entre elles décomposent les lipides à la surface de la peau et causent des inflammations. Heureusement, le microbiome a pour mission d’empêcher la prolifération de ces bactéries néfastes.
3 éléments qui boostent les bactéries bénéfiques
• L’hydratation : plus la peau est sèche, moins d’organismes sont en mesure d’y vivre.
• Les nutriments : les divers minéraux et oligo-éléments peuvent favoriser la croissance de bactéries bénéfiques.
• Les sources de carbone et d’azote comme les céramides 3.8.
La peau est attaquée au quotidien par des agresseurs environnementaux qui peuvent déséquilibrer son microbiome. Résultat : la peau est plus sèche, plus irritée et plus réactive. Toutefois, les recherches sur le microbiome ont marqué le début d’une nouvelle ère de soins prébiotiques pour la peau. En stimulant la biodiversité sur la peau, ces innovations boostant les microbes pourraient bien être la solution que la peau attendait.
Intégrer les prébiotiques aux soins pour la peau
Les prébiotiques permettent de stimuler la croissance des bactéries bénéfiques et contribuent ainsi à favoriser l’équilibre et la diversité du microbiote cutané.
Une peau saine, à la fois chaude, hydratée et riche en nutriments est l’environnement idéal pour le développement des bactéries bénéfiques. Parfois la peau a besoin d’un petit coup de pouce pour créer un environnement le plus hospitalier possible pour les bactéries du microbiote. C’est ici qu’entrent en jeu les soins prébiotiques pour la peau !